ARC Expérience du territoire > LES FORMES DE L'ACTION
ENSA Limoges 2018/2019
Marie Correia (A3 art), Cassandre Jaulin (A3 art), Solenn Corradi (A3 art), Alex Delbos Gomez (A3design), Jonathan Sarrabia (CCIC), Camille Allemand (A4 art), Madeleine Saraïs (A5 art), Julien Salban Crema (A5 art), et en satellites : Anna Haillot (A4 art), Elise Moreto (A2 art), Marjorie Tirollois (A4 design), Charlotte Alves (A4 art), Mellie Branchereau (A5 design)
Enseignants : Vincent Carlier, François Coadou, Pat Bruder, Nicolas Gautron
Qu’est-ce qu’un territoire ? À la question, le dictionnaire Larousse répond ceci : « Étendue de pays qui ressortit à une autorité, à une juridiction quelconque ». ou encore : « Étendue dont un individu ou une famille d'animaux se réserve l'usage ». Qu’il s’agisse du territoire d’animaux, ou qu’il s’agisse du territoire des humains, la notion semble donc, d’emblée, être liée à une forme de propriété, fût-elle d’usage, à une forme de juridiction ou autorité, c’est-à-dire à une forme de pouvoir. Pour le dire autrement, un territoire est un lieu défini par l’exercice d’un pouvoir, pouvoir qui l’informe en tant que tel. C’est bien en ce sens qu’on parlera précisément d’aménagement du territoire. L’aménagement du territoire comme processus par lequel un pouvoir – par exemple un État – se matérialise dans une organisation et une spécialisation des lieux : lieux dédiés à la production, lieux dédiés à l’habitat, lieux dédiés à la consommation, gestion des flux qui permettent de passer de l’un à l’autre. Les situationnistes (Guy Debord, Ivan Chtcheglov), ou bien encore le philosophe Henri Lefebvre, ont bien insisté, au milieu du siècle dernier, sur ce que l’espace que nous habitons est une production, sur ce qu’il est le reflet d’intérêts politiques et d’intérêt économiques donnés, dont il a pour fonction d’assurer le bon fonctionnement et la reproduction. Et sur le fait aussi qu’il détermine à ce titre notre vie quotidienne, dans ses gestes y compris les plus simples en apparence. C’est ce rapport au pouvoir, qui traverse essentiellement la notion de territoire, qui intéresse l’ARC « Expérience du territoire ». Mais la double référence que nous venons de faire aux situationnistes et à Henri Lefebvre, indique bien de quelle manière nous nous en saisissons. Lieu du pouvoir, le territoire devient aussi possiblement le lieu d’un contre-pouvoir. Le lieu d’un combat et d’un projet : ceux de l’émancipation contre l’aliénation. L’état du monde, en effet, est accablant : destruction et marchandisation des espèces et des « ressources » naturelles, exploitation des humains par les humains, guerre, misère, vie qui, même dans les pays considérés comme développés, tient plus de la survie que de la vie (pour reprendre ici une notion chère à Raoul Vaneigem). Il est grand temps que cela cesse. Dans la perspective ainsi ouverte, on cherchera donc à étudier, non seulement les déterminations politiques et économiques du territoire, et les modes de vie quotidienne que ces déterminations impliquent, mais à étudier également les possibilités d’en sortir, d’en changer. Pour cela, et tandis qu’un seul modèle, global, semble s’être diffusé, s’être imposé partout, ce que Michael Hardt et Toni Negri ont appelé l’Empire, on accordera une attention particulière aux interstices (pour reprendre cette fois une notion de Karl Marx), à ces zones souvent considérées comme arriérées qui y persistent, et qui peuvent devenir porteuses d’espoir et d’avenir, ou à toutes ces zones en rupture qui y apparaissent : territoires à la marge, territoires laissés pour compte, friches, zones à défendre, territoires en transition, utopies concrètes, expérimentales. Si la question de l’expérience directe de ces lieux, de ces alternatives, est une caractéristique de l’ARC, se posera aussi la question de savoir comment l’artiste peut, bien mieux, intervenir dans cette histoire collective avec les outils de production et de partage aujourd'hui à sa disposition. Et comment l’artiste peut, ce qui est encore un moyen, et non des moindres, d’intervention ou d’action, cette histoire, la raconter. On réfléchira, dans un souci d’efficience et d’efficacité non pas communicationnelle, mais politique et artistique, politique parce que artistique, aux formes que cela est susceptible de prendre. F.C.
EXPLORATION DES MINES D'URANIUM AU NORD DE LIMOGES, les 23-26 octobre et 12-14 décembre 2018
Pratique du paysage / Exploration des forêts de la région d'Ambazac
Visite de UREKA, musée de l'extraction minière d'uranium
Rencontres et visites d'anciennes mines d'uranium avec d'anciens mineurs et avec Guy Lauret, géologue et ancien responsable de site, responsable du programme après-mines chez AREVA.
Peu de monde le sait, mais la majeure partie de l'uranium radioactif ayant servi au développement stratégique militaire et civil français, provient du Limousin. À la sortie de la seconde guerre mondiale, l'autonomie territoriale en uranium pour répondre aux besoins de développement de l'arme nucléaire française était primordiale. Entre 1949 et 1997, des mines d'uranium ont été exploitées en Limousin dans la région d'Ambazac (30 km de Limoges). Cet uranium a permis à la France de developper l'industrie nucléaire française et gagner ainsi son autonomie énergétique. En même temps elle se dotait de l'arme atomique qui lui permettait de prendre une place de domination militaire internationale. Ces mines sont aujourd'hui fermées. L'exploitation de cette ressource à cessé sur le territoire français au profit d'autres terrains d'extraction ou d'importation avec les dérives humaines, sociales et territoriales qui accompagnent bien souvent toutes activtiés extractives dans un pays tiers.
Ces sites d'extraction ont été fermés progressivement mais font encore état d'un suivi et d'une surveillance. Bon nombre d'entre eux, dont certains fermés depuis plusieurs dizaines d'années, sont aujourd'hui invisibles (ou presque). En apparence, la nature à repris ses droits, la forêt a reconquis ces espaces et l'homme y a tracé des chemins de promenade.
Le rapport à l'industrie nucléaire (pour ou contre) est ici complexe. Sur ce territoire d'anciennes exploitations, il y avait dans toutes les familles des mineurs ou des employés attachés à ce travail et à cet environnement en relation à l'uranium. Beaucoup vivent encore ici.
Que reste t-il de ces mines ? De leur exploitation ?
Quelles sont les cicatrices de ces paysages éventrés ?
Comment le territoire d'Ambazac vit aujourd'hui avec ce passé ? Quels traces, quelles mémoires (spatiales, humaines, sociales...) sont présentes sur ce territoire ?
Atelier TRAVAILLER LE COLLECTIF ET LE COMMUN DANS SA DÉMARCHE ARTISTIQUE
avec Natacha Margotteau, et Quartier Rouge
Atelier PETITE HISTOIRE, GRANDE HISTOIRE
avec Pivoine, Lucie Rivers-Moore et Mélanie Letellier, et Quartier Rouge
6 et 7novembre 2018, à la Petite maison rouge, Felletin
Une attention particulière a été posée en début d'année sur les qualités, méthodes et pratiques du travail de groupe, et favoriser ainsi l'implication de tous au fonctionnement collectif.
Depuis 3 ans nous avons arpenté le territoire, sommes allés à la rencontre des modes de vie, d'organisation, d'invention. Si ces rencontres et expérimentations ont influencé le fonctionnement de notre propre groupe (importance du collectif, tentatives d'autogestion...), il apparait que ces notions de pratique du groupe nécessitent d'être travaillées et que nous manquons d'outils. Pour cela, nous avons passé deux jours à Quartier Rouge sous forme d’ateliers spécifiques avec Natacha Margotteau, philosophe, et l’association d’éducation populaire Pivoine. Ces ateliers ont permis de favoriser l'implication de chacun, d'ouvrir des champs de discussion, des prises de parole, d'expérimenter des méthodes et formes de fonctionnement du collectif.
RENCONTRE À LA POMMERIE avec l’artiste Ann Guillaume et Natura Ruiz
Ferme de
Lachaud, mardi 6 novembre 2018
IVRY-SUR-SEINE,
du 8 au 11 avril 2019
avec Charlotte, Camille, Jonhatan, Alex, Nicolas
Café de la Poste
Chez Renée Gailhoustet, avec Jeanne Gailhoustet et Andrea Muller, rue Gabriel Peri
Rencontre avec Andrea Muller, cité Casanova
Rencontre avec Serge Renaudie, tour Jeanne Hachette
Credac et Centre national de Théâtre (les Œillets ?)
Rencontre avec Madeleine Van Doren, à la galerie Fernand Léger et tour Raspail
Café de la Mairie
Rencontre avec Stefan Shankland et association Lieux communs, Julie, Juliette, XXX, passage Hoche, Petit-Ivry
Déjeuner avec collectif Ne Rougissez Pas, la Tracterie, rue Barbès
Rencontre avec Gérald Goardisson, atelier d’entretien de l’Office HLM
Rencontre avec Hedi Saidi, galerie Fernand Léger
Cité Gagarine
Ivry-Confluence, usine de traitement des eaux, camp d’accueil migrants...
Rencontre avec Frédéric Allemand, tour XXX
Médiathèque Ivry-Centre
Non-rencontre avec Gérard Paris Clavel, Ne pas Plier et la tour Lénine
Cité Maurice Thorez
Tour Spinoza
Librairie Envie de lire
Ecole Einstein
Parc XXX, bords de Seine...
Ce déplacement en milieu de grande densité urbaine était souhaité par plusieurs d'entre nous, en contraste avec l'environnement rural où nous évoluons habituellement. Nous avons abordé ce nouveau territoire avec la même méthodologie de pratique du paysage : par la marche et l'arpentage, par les rencontres, d'artistes, de collectifs, d'acteurs locaux...
Des questions et problématiques spécifiques ont été abordées :
- une construction historique de la politique de la ville, pour cette commune rouge de la banlieue de Paris, liée entre autres à des préoccupations de démocratisation de la culture,
- une présence ambitieuse de l'architecture, portée par des projets et des acteurs angagés depuis de nombreuses années sur des notions sociales d'accès au logement, d'espaces partagés, d'invention et utopie,
- la place de l'art et du design à différents niveaux et présences dans la cité : dans l'espace public, au sein des ateliers municipaux, dans les centres d'art et galeries.
EXTRA ARC, rencontres de co-construction de l'ARC Expérience du territoire et au delà, les 28 et 29 mai 2019
Ces deux journées sont consacrées à énoncer, débattre, projeter les relations et contributions croisées de l'ARC Expérience du territoire avec son environnement de recherche et d'action, au sein de l'école et à l'extérieur en lien avec ce qui arrive aujourd'hui et les nombreuses initiatives agissantes.
Que devient l'ARC, comment il s'articule demain, étant donné une équipe dispersée mais des préoccupations et engagements qui débordent bien au delà du temps et de l'espace de l'école, se prolongent et participent des multiples événements qui se passent autour. Il s'agit ici d'échanger à une échelle plus étendue d'équipe élargie, d'extra ARC, constituée de nous tous qui partageons et élaborons ensemble autour et à côté.
Ce rdv est une forme de point d'étape pour envisager la suite, de temps d'échange pour élaborer ce que l'on va mettre en place, croiser entre nous, formuler les questions à aborder, organiser les programmes et les modalités de contributions. À partir d'un premier état des lieux des questions, expériences, chemins menés par chacun, quels terrains de travail communs, comment on co-construit ?
- un état des lieux des recherches et expériences menées
- la formulation et précision des directions de recherche
- définir nos modes d'action, programme, comment on va travailler ensemble
et au delà :
- workshop avec John Jordan et Isa Frémeaux, Nantes
- Lo(s)t in transition, avec Tibo Labat et Ya+K, Cajarc
- Amicale Mille Feux, Lacelle
- programme de recherche El territorio y el cuerpo, Universidad Pedagogica Nacional, Colombie
- ...
Mémoires de fin d'étude :
Madeleine Sarais (M2 art), La vie c'est super, juin 2019
Ce mémoire retrace un parcours au sein de l’école d’art. Il questionne l'œuvre d'art et le rôle de l'artiste. Il parle du monde désenchanté dans lequel nous vivons et quel rôle, nous, étudiantes en art, futures artistes, nous pouvons jouer. Charlatannes ou magiciennes. Ce mémoire traite surtout finalement de magie ou, autrement dit, de politique.
Julien Salban Crema (M2 art), juin 2019
Séminaire LES NOUVELLES FORMES D'ACTION DANS LA POLITIQUE OU L'ART, en compagnie de l’I.L. et de l’I.S. : textes, contextes, sources, perspectives.
dirigé par François Coadou
En 1963, Guy Debord publie dans le catalogue de l’exposition Destruktion af RGS-6, à la galerie EXI, à Odense, au Danemark, un article intitulé « Les situationnistes et les nouvelles formes d’action dans la politique ou l’art ». Le titre mérite qu’on s’y arrête, qui en résume la thèse directrice. Les formes en question, qu’il désigne, ne sont pas en effet caractérisées comme des formes artistiques ou esthétiques au sens courant de ces termes, qui les ramènerait à être des objets de contemplation et/ou des objets de consommation. Ce sont, nuance significative, des formes caractérisées comme des « formes d’action ». « Dans la politique ou l’art ». Cette dernière formule, elle aussi, est extrêmement étrange : la politique ou l’art. Qu’est-ce à dire exactement ? Ce n’est pas la politique et l’art, ce qui pourrait renvoyer à un parallèle entre les deux, ou encore à une addition des deux. Mais ce n’est pas non plus la politique ou l’art au sens où il s’agirait d’une alternative entre l’une et l’autre.Tout au contraire. Il en va ici du « ou » comme il en va du « ou » chez Spinoza, dans l’expression Deus sive natura : Dieu ou la nature ; Dieu, autrement dit la nature. La politique, autrement dit l’art. L’art, autrement dit la politique. Et la réversibilité du « ou » ici est importante : si la politique devient synonyme de l’art, et l’art synonyme de la politique, c’est tout simplement qu’il ne s’agit plus ni de la politique ni de l’art en leur sens classique, celui qu’ils avaient du temps qu’ils étaient spécialisés, séparés. Il s’agit d’une façon de faire de l’art qui est contaminée par la politique, et où cette contamination transforme l’art. Et d’une façon de faire de la politique qui est contaminée par l’art, et où cette contamination transforme la politique. Un troisième quelque chose, qui n’est plus ni l’une ni l’autre, qui les supprime tout en en conservant cependant quelque chose, mais quelque chose repris dans un nouveau tout. Autrement dit, un troisième quelque chose qui les dépasse. C’est cette thèse qu’on voudrait reprendre dans ce séminaire, et dont on voudrait examiner la postérité dans la seconde moitié du XXe siècle et au début du XXIe, c’est-à-dire examiner la possible fécondité encore aujourd’hui. Thèse qui repose sur, ou qui en engage simultanément trois autres, également soutenues par les situationnistes :
1/ L’idée qu’une politique vraiment émancipatrice, c’est-à-dire aussi qu’une politique effectivement libre, ne consiste pas seulement ni même essentiellement dans la prise du pouvoir d’État et de l’appareil d’État, mais consiste dans une révolution des formes de la vie quotidienne, formes actuellement malheureuses, aliénées et réifiées dans une
2/ L’idée que, dans cette révolution des formes de la vie quotidienne, l’art a un rôle central, fondamental à jouer, pour autant qu’il soit réengagé dans la vie, qu’il soit envisagé comme des expériences, provoquées et calculées, qui déploient et qui intensifient la puissance même de celle-ci, contre la tradition qui coupe l’art de la vie et le relègue dans un « ailleurs » illusoire, dans un quasi-monde hors du monde, à fonction idéologique.
3/ L’idée, enfin, que ces formes nouvelles de la vie quotidienne, ne tiennent pas à un avenir sans cesse reculé et au fond inassignable (le grand soir, après la prise du pouvoir d’État et de l’appareil d’État, ou de transition du socialisme), mais qu’elle peuvent, et même qu’elles doivent être mises en œuvre dès à présent, en tant que ce sont des expériences ou des formes d’action, précisément.
Trois autres propositions, ou positions, qui ne manquent pas, là encore, de conserver et offrir aujourd’hui quelque pertinence dans le désastre, politique et éthique, qui caractérise ce temps.
Journée d'étude : PORTRAIT DE L'ARTISTE EN CARTOGRAPHE
Lundi 5 novembre 2018 à l'ENSA Limoges
avec : Mira Sanders, Bertrand Westphal, Till Roeskens, Julien Discrit, Brigitte Williams, Jean-Baptiste Maudet.
à l'initiative de : Bertrand Westphal, Sébastien Faucon, François Coadou
Cette journée d’étude propose de se pencher sur quelques artistes qui, de manière occasionnelle ou récurrente, produisent des cartes, et sur le statut (poétique ? critique ?) de ces cartes artistiques par rapport aux cartes géographiques classiques.
Présentée comme l’instrument de mesure par excellence, la carte a longtemps constitué le socle d’une certaine vision du monde, pour ne pas dire d’une certaine visée sur le monde. Jamais innocente, elle a traduit sur le papier la place que les uns s’attribuaient et le rapport qu’ils entretenaient aux autres. En 1974, Arno Peters provoqua un séisme. Dans une carte devenue célèbre, il s’était efforcé de rétablir l’équilibre entre les hémisphères, bouleversant la vieille image d’une planète centrée sur le nord. Les artistes ne tardèrent pas à s’engouffrer dans la brèche. Certains avaient d’ailleurs précédé Peters. Les variations autour de la carte allaient devenir un motif dominant de l’art contemporain. C’est quelques-unes d’entre elles qu’entend explorer la journée d’étude.
ARC Réfléchir ce qui arrive - année 2017-2018
ARC Réfléchir ce qui arrive - année 2016-2017
ARC Réfléchir ce qui arrive - année 2015-2016
ARC Expérience du territoire - année 2014-2015